[Cycle Jim Henson’s Creature Shop] « H2G2: Le Guide du Voyageur galactique »

Commencée en 1978 par un feuilleton radiophonique, la folle histoire du Guide du Voyageur galactique, imaginée, écrite, réadaptée par l’écrivain anglais Douglas Adams, connait en 2005 un avatar cinématographique. D’abord pressenti, Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich, Max et les Maximonstres) se désiste et recommande Garth Jennings pour lui succéder à la mise en scène. Après avoir collaboré avec des artistes comme Fat Boy Slim, Blur ou REM, ce jeune concepteur de clip saisit l’occasion de réaliser son premier film.

« H2G2: Le Guide du Voyageur galactique », réalisé par Garth Jennings (2005)

Arthur Dent (Martin Freeman), un terrien un peu paumé, voit en moins d’une heure sa maison rasée pour laisser la place à une route, puis la Terre elle-même désintégrée par des extra-terrestres, qui s’apprêtent à construire une autoroute spatiale ! Heureusement, un ami, Ford Perfect (Mos Def), en réalité originaire d’une planète lointaine, l’aide à s’échapper… en faisant de l’autostop interplanétaire ! En chemin, il rencontre Zaphod Beeblebrox (Sam Rockwell), président de la galaxie (et dépourvu du moindre pouvoir), Trillian (Zooey Deschanel) une autre terrienne survivante, et Marvin (voix d’Alan Rickman, interprétation de Warwick Davis), un robot dépressif.

Une équipe de "valeureux" explorateurs

Une équipe de « valeureux » explorateurs

Vous l’aurez compris, on gravite en plein délire intersidéral, dans lequel l’humour absurde et l’invraisemblable sont la norme. Une quête qui amène cette équipe de bras cassés à croiser des civilisations étranges, peuplées de créatures tout aussi particulières.

Pour représenter ce monde loufoque, Garth Jennings cherche un équilibre entre l’utilisation du numérique et des effets de plateau. Les décors sont confiés à la société britannique Cinesite, tandis que les êtres vivants sont tout naturellement laissés aux bons soins d’une compagnie mondialement reconnue : le Jim Henson’s Creature Shop (studio londonien). C’est en combinant marionnettes et animatroniques que celui-ci relèvera les plus grands défis du film, sous la houlette du directeur artistique Jamie Courier, vétéran des Tortues Ninja 2 et de La Famille Pierrafeu. Le premier challenge est Marvin, personnage emblématique d’H2G2 (l’autre titre de l’œuvre), dont le design diffère totalement de la série TV diffusée en 1981. Dans cette version 2005, la tête du robot est ronde et disproportionnée, en référence au fait qu’ « un cerveau biologique devrait avoir la taille d’une planète » pour être à son niveau. Recourant à la bonne vieille méthode du costume-marionnette, le corps du robot, composé de fibre de verre et lourd d’approximativement 25kg, abrite Warwick Davis, célèbre pour son interprétation du nain Willow, ainsi que pour son rôle d’Ewok dans Star Wars. Dans le camp des « méchants », un gros travail est effectué sur les Vogons, ces fonctionnaires de l’espace, maniaques de la procédure administrative. Des créatures qui ont vraiment trainé leurs carcasses disgracieuses de 2m sur le plateau de tournage ! Leur design est inspiré de l’œuvre de James Gillray, dessinateur du XVIIIe siècle, connu pour ses caricatures politiques.  Pour rendre réalistes leurs expressions faciales, les artisans du Creature Shop truffent la tête des extra-terrestres de mécanismes et de moteurs électriques reliés à la surface de la peau, qu’ils manipulent à l’aide de commandes à distance. Les visages les plus complexes nécessitent pas moins de 35 moteurs, pour un résultat bluffant. Les acteurs choisis pour interpréter ces personnages sont coachés par le chorégraphe Peter Elliott, qui leur apprend à se mouvoir d’une démarche balourde dans ce costume. Le parallèle avec les Skeksès, les vilains emblématiques de Dark Crystal, saute aux yeux. Ce succès esthétique sera pourtant le dernier de la section londonienne du Jim Henson’s Creature Shop, puisque celui-ci recentrera ensuite toutes ses activités aux Etats-Unis, entre Los Angeles et New York.

Un Vogon

Un Vogon

Si on peut, une nouvelle fois, s’extasier de la qualité du travail livré par les héritiers d’Henson, il n’en va pas de même pour le reste du film, qui s’apparente plus à une succession de sketches liés par un humour absurde qu’à une histoire construite. Ce  bric-à-brac de gags et d’idées farfelues est original et sympathique, mais manque de tension et d’émotion. Au-delà des curiosités nées de l’imaginaire fou de Douglas Adams, Le Guide du Voyageur galactique est au final avare en bonnes surprises, les rebondissements narratifs étant assez prévisibles et l’issue du triangle amoureux écrite dès la première rencontre entre Arthur et Trillian.

H2G2: Le Guide du Voyageur galactique (The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy). 2005. Réalisateur: Garth Jennings. Scénariste: Douglas Adams et Karey Kirkpatrick. Avec: Martin Freeman, Mos Def, Sam Rockwell, Zooey Deschanel, Bill Nighy, Warwick Davis, Alan Rickman. Musique: Joby Talbot. Genre: Comédie, Science-fiction. Pays d’origine: USA, Royaume-Uni. Durée: 1h49.

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Monsieur Scientas’Hic

2 réflexions sur “[Cycle Jim Henson’s Creature Shop] « H2G2: Le Guide du Voyageur galactique »

  1. L’erreur des réalisateurs a peut être était de vouloir condenser l’œuvre de Douglas Adams en un seul film. Le résultat est un peu foutrax et décevant.
    Cependant, le film aura au moins eu le mérite de populariser « Le guide du voyageur intergalactique » et de donner envie à bon nombre de se plonger dans le bouquin….

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