[Critique] « Le Guide Howard »: à la recherche du père de Conan!

Le Guide HowardCertains personnages sont tellement ancrés dans l’imaginaire collectif qu’ils ont totalement éclipsé leur créateur. C’est le cas de Conan, ce (faux) archétype du guerrier barbare, popularisé par la performance d’Arnold Schwarzenegger. Et le père du célèbre Cimmérien ? Aujourd’hui encore le nom de Robert E. Howard reste inconnu du grand public. Inacceptable, pour un écrivain qui, dans les années 1920-30, a posé les bases de l’Heroic-fantasy. Heureusement, un mouvement de fond, amorcé il y a une quinzaine d’années aux Etats-Unis, s’efforce de lui rendre sa digne place.

« Le guide Howard », écrit par Patrice Louinet (2015)

Le portrait le plus célèbre d'Howard... et pas forcément le plus représentatif de sa personnalité.

Le portrait le plus célèbre d’Howard… et pas forcément le plus représentatif de sa personnalité.

C’est dans cette démarche que s’inscrit Le Guide d’Howard, sous la direction de Patrice Louinet, référence francophone (et mondiale) en la matière. Féru de l’œuvre d’Howard, cet érudit s’est attelé depuis longtemps à sa réhabilitation. Il a commencé par les nouvelles de Conan, publiées en 2007 sous leur forme originale pour la première fois. Jusqu’à présent, celles-ci ne nous étaient en effet parvenues qu’en versions altérées, défigurées par Lyon Sprague de Camp et Lin Carter, deux scribouillards qui s’étaient honteusement emparés du personnage. Si Conan occupe naturellement une place importante dans ce guide, l’auteur a pour ambition de résumer de manière claire et concise la vie d’Howard et ses œuvres, y compris les moins connues.

On est face à un ouvrage très structuré, composé de différentes parties thématiques, elles-mêmes subdivisées en sous-points, sur le mode de l’exposé (« 10 idées reçues sur Howard », « Les vingt nouvelles qu’il faut avoir lues », « Sur Howard » (en 7 points),…). Tous ces aspects sont rédigés sur un style informatif plutôt que romancé (sans pour autant être lourd ou désagréable). Logique, au vu de l’objectif du texte. Ce choix parait de prime abord très universitaire, mais il va dans le sens de la clarté recherchée, et il se révèle au final judicieux. Certaines sections s’attardent plutôt sur l’homme qu’était Howard, sur ses idées et ses relations avec Lovecraft. Nombre de pages sont au contraire réservées à la présentation et au commentaire de nouvelles. Sans avoir à introduire longuement les personnages imaginés par Howard, Patrice Louinet nous invite à découvrir les Kull, Salomon Kane et autres héros moins populaires. Il s’attache également à briser les images erronées associées à Conan, souvent héritées de Sprague de Camp, ainsi qu’aux adaptations (entre autres cinématographiques), qui ne représentent pas le « Conan authentique ».

Patrice Louinet

Patrice Louinet

Ce classement en fiches titille la curiosité et offre au lecteur la possibilité de voyager à sa guise dans le livre. L’idée de présenter les personnages d’Howard par leurs récits est excellente, mais peut-être qu’un récapitulatif quelque part aurait été utile, pour en avoir une vue globale. Il manque parfois cette synthèse, qui permettrait de se remettre les idées en place et qui pourrait servir de point d’appui.

Le Guide d’Howard est une œuvre polyvalente, à l’adresse de tous : les amateurs se rendront probablement compte que certaines de leurs idées reçues sont fausses, tandis que les novices feront connaissance avec un artiste qui occupe un rang égal à celui de Tolkien. Patrice Louinet n’adopte pas une approche exhaustive, mais il ouvre une porte vers l’univers d’Howard, qu’il nous invite à explorer. Sa passion pour l’auteur texan et ses personnages, son envie de rétablir la vérité sont palpable à chacune des pages qui défilent. Un petit bouquin très pratique donc, même si un peu plus de contenu sur les différents personnages aurait été le bienvenu.

Monsieur Scientas’Hic

Une réflexion sur “[Critique] « Le Guide Howard »: à la recherche du père de Conan!

  1. Pingback: Le guide Howard, de Patrice Louinet - Lorhkan et les mauvais genresLorhkan et les mauvais genres

Laisser un commentaire